Une imprimante 3D métal toulousaine dans l’espace?
L’impression 3D peut parfois dépasser certaines limites terrestres et s’inviter dans l’espace : l’initiative menée par Airbus Defense & Space et le Centre National d’Etudes Spatiales (CNES) est un bel exemple. A Toulouse, les deux acteurs seraient en train de développer une imprimante 3D métal pour l’envoyer dans l’espace et plus particulièrement à bord de la Station Spatiale Internationale d’ici 2020.
Les applications de l’impression 3D dans l’espace ne manquent pas : fusées imprimées en 3D, systèmes de recyclage ou encore satellites… la fabrication additive s’invite partout! La startup Made in Space a même créé une imprimante 3D qui fonctionnerait en apesanteur et serait déjà à bord de la Station Spatiale Internationale (ISS). Elle permettrait de fabriquer des objets en plastique, que ce soit des outils ou pièces de rechange. C’est au tour de la France de se pencher sur l’impression 3D dans l’espace avec la création d’une imprimante 3D métal qui fonctionnerait à bord d’un vaisseau spatial.
L’Agence Spatiale Européenne serait à l’origine de la commande de cette machine métal et poursuit ainsi ses recherches en fabrication additive – on se souvient des minis satellites imprimés en 3D qu’elle avait fabriqués. Les équipes toulousaines d’Airbus Defence and Space et du CADMOS (Centre d’aide au développement des activités en micropesanteur/CNES) ont répondu à cette commande et auraient seulement 30 mois pour présenter un premier modèle viable.
“Nous utilisons la technologie d’impression 3D métal depuis une dizaine d’années pour la fabrication des pièces de satellites, mais là, il faut concevoir un outil avec des conditions de sécurité maximales dans l’environnement de la Station spatiale internationale. Contrairement aux polymères qu’on chauffe à 200°C, le métal devra être travaillé à plus de 1 000°C« , souligne Delphine Carponcin, ingénieur en charge du développement de l’imprimante 3D métal pour Airbus Defence and Space.
“L’objectif principal est d’étudier l’influence de la microgravité continue sur la structure des pièces (caractéristiques physiques et géométrie) lors de leur retour au sol pour des tests et analyses. En prouvant que c’est possible nous voulons créer un besoin et espérons que l’imprimante restera à bord”, ajoute Christophe Barbero, chef du projet Metal 3D chez Airbus Defense and Space.
Les deux équipes auraient développé une imprimante assez compacte de 50 cm de haut, 70 cm de long et 40 cm de largeur, avec tout de même un poids de 200 kg qui devrait être en mesure de fabriquer des pièces métalliques en apesanteur. Cette machine devrait équiper l’ISS et permettrait de réduire les envois de pièces détachées et les coûts liés à ces missions souvent très longues.
“Dans la perspective de missions d’explorations lointaines, soit on envoie l’équivalent de plusieurs tonnes de pièces détachées, soit on envoie du métal et une imprimante pour gagner de la masse au départ de la Terre, explique Patrice Benarroche, responsable du CADMOS au centre spatial de Toulouse. La science est présente dans l’ISS depuis vingt ans mais on assiste à un virage depuis quelques années avec de plus en plus d’expériences à bord destinées à tester de nouvelles technologies. Aujourd’hui, on aspire des technologies depuis le sol, on les monte dans l’espace, on les améliore et on les redescend pour des applications sur Terre. Ce cercle vertueux, c’est nouveau. Avant, notamment avec les missions Apollo, la locomotive, c’était l’espace.”
Le développement de cette imprimante 3D métal coûterait 3 millions d’euros – l’Agence Spatiale Européenne prendrait en charge plus de 70% de l’investissement qui pourrait à terme faire économiser beaucoup d’argent grâce à une réduction du nombre de réapprovisionnements et donc de voyages dans l’espace.
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