3d.FAB, un laboratoire français dédié à l’impression 3D du vivant
Et si la France devenait leader dans l’impression 3D à partir de cellules vivantes ? Bien que le procédé, plus communément appelé bio-printing, s’apparente davantage à de la science-fiction pour certains, plusieurs initiatives commencent à se structurer au sein de l’hexagone.
Alors que le français Poietis levait en décembre dernier la somme de 2,5 millions d’euros pour développer sa bio-imprimante assistée par laser, une nouvelle entité basée à Lyon et dénommée 3d.FAB, a elle aussi décidé de se spécialiser sur le créneau. Pour en savoir plus, 3Dnatives est allé à la rencontre de Léa Pourchet, Responsable bio-printing chez 3d.FAB.
3DN : Bonjour Léa, pourriez-vous nous présenter 3d.FAB ?
Pour commencer, 3d.FAB signifie 3D Fabric of Advanced Biology et c’est une plateforme de prestation en impression 3D, à la fois pour les entreprises et les laboratoires académiques, dédiée au domaine de la santé. Nous sommes basés sur le campus de la Doua à Villeurbanne, et la plateforme est adossée à l’ICBMS (Institut de Chimie et de Biochimie Moléculaire et Supramoléculaire – UMR CNRS 5246 Université Lyon1).
Nous sommes actuellement trois personnes à travailler sur 3d.FAB : Céline Mandon, Senior Researcher, qui s’occupe de l’impression 4D (la 4ème dimension étant représentée par une activité soit chimique, biochimique, ou enzymatique), Christophe Marquette qui coordonne les actions de plateforme et moi-même, qui suis en charge du bio-printing, c’est-à-dire, l’impression 3D de cellules pour l’ingénierie tissulaire.
3DN : Comment est né le projet ?
Nous avons d’abord voulu explorer cette nouvelle thématique de recherche : l’impression 3D pour le vivant. Au vue de la forte demande et de la spécificité des équipements, il est devenu évident qu’il fallait structurer cela autour d’une même entité, la plateforme 3d.FAB, qui regroupe différentes technologies d’impression, des experts scientifiques et une approche résolument innovante.
Tout à donc commencé par l’acquisition d’une première imprimante 3D, rapidement suivi d’une deuxième avec une technologie open-source (TOBECA). Aujourd’hui, notre offre s’est diversifiée et nous avons à notre disposition 6 imprimantes 3D avec 5 technologies différentes : du FDM pour le plastique, de la photopolymérisation de résines ou d’hydrogels, de la micro-extrusion pour les bio-matériaux, du jet d’encre pour des résines ainsi que du frittage de poudre céramique.
3DN : À qui vous adressez-vous ?
Les laboratoires de recherche, les starts-up, ou les grands groupes industriels, qui veulent tester, développer et industrialiser une nouvelle approche basée sur l’impression 3D dans la santé sont notre cœur de cible !
L’accès à la plateforme se fait de différentes manières : via un projet collaboratif financé par un organisme public (ANR, Commission Européenne, Collectivités locales), via une sous-traitance de nos outils, via un partenariat privé/public ou alors grâce à un contrat de recherche.
3DN : Quelles sont les applications concernées ?
Nous visons plusieurs domaines d’applications. En ce qui concerne le bio-printing, les premiers essais se sont révélés très enthousiasmants ; nous avons donc entrepris une démarche de collaboration avec différents experts.
Par exemple, le premier projet, en partenariat avec Amélie Thépot, dirigeante de la start-up LabSkin Creations, avait pour but d’imprimer de la peau pour fabriquer des substituts cutanés afin d’effectuer des tests d’efficacité pour les produits cosmétiques. Et c’est une formidable réussite, car nous avons déposé un brevet sur ce nouveau procédé de fabrication de peau.
À court terme, c’est donc l’industrie cosmétique via LabSkin Creations qui devrait utiliser les peaux imprimées. Dans un avenir proche, nous souhaitons que l’impression de peau bénéficie aux grands brûlés avec le soutien du Laboratoire des Substituts Cutanés de l’Hôpital Edouard Herriot de Lyon.
Nous avons aussi commencé l’impression de cellules souches pour imprimer du cartilage, pour la médecine régénérative, en collaboration avec un laboratoire académique de Nancy, l’IMoPa.
Puis, à moyen terme, nous souhaitons étendre notre domaine de compétence aux autres tissus de type cardiaque, nerveux ou musculaire. Nous nous orientons également vers une complexification de nos impressions, en combinant plusieurs types cellulaires, ainsi que des molécules biologiques, afin d’approcher le plus possible des conditions physiologiques. Les autres applications sont à des stades plus expérimentaux.
En ce qui concerne l’impression 4D, les applications viseront les tests diagnostiques médicaux et environnementaux. Notre approche consiste à repenser complètement ces modèles d’essais, afin de lever des verrous technologiques. Il faut réussir à oublier les procédés de développement actuels, pour imaginer des nouveaux tests, sous des architectures plus libres des contraintes imposées jusqu’alors par le format en 2 dimensions, mais également des architectures plus complexes, plus physiologiques ou plus adaptées à l’utilisation finale.
En vidéo, le reportage de France 3 sur la bio-impression par 3d.FAB :
3DN : Sur quel modèle économique repose 3d.FAB ? Avez-vous reçu des aides ?
Nous faisons le lien entre un projet, des partenaires potentiels, et le financement, par le biais de prestations de recherche financées grâce à des appels à projet (ANR, FEDER, FUI, H2020…). Nous faisons également de l’hébergement de projets mais nous n’avons pas vocation à faire de la production. Notre action se situe entre la preuve de concept et le transfert technologique.
Merci Léa pour cette introduction à 3d.FAB ! Pour suivre les informations de 3d.FAB et plus d’informations, n’hésitez pas à vous rendre sur leur site ICI
Pensez-vous que la France pourrait devenir un leader du bio-printing ? Partagez votre opinion en commentaires de l’article ou avec les membres du forum 3Dnatives.
Impression 4 D ,poumons sur une BPCO.A quelle echéance?l’acte de réimplantation coute autour de 62000€