Frontier Bio répond à la pénurie d’organes grâce à des tissus humains imprimés en 3D

L’impression 3D a profondément transformé le paysage médical, apportant des changements significatifs dans la manière dont nous envisageons les soins de santé. Au centre de cette transformation, Frontier Bio explore les opportunités qu’offrent l’impression 3D et l’ingénierie tissulaire pour cultiver des tissus humains en laboratoire. Cette technologie ouvre des perspectives personnalisées et innovantes dans le domaine de la médecine régénérative, proposant des solutions adaptées à la création de tissus, de dispositifs médicaux et de traitements.

Parallèlement, l’augmentation continue du nombre d’expérimentations sur les animaux devient préoccupante, avec plus de 190 millions d’animaux utilisés dans le monde, et des résultats qui ne sont pas toujours concluants. Frontier Bio a donc pour objectif principal de concevoir des tissus artificiels en vue de remplacer les expériences sur les animaux et de contribuer à la préservation de vies humaines. La finalité de ces tissus ? Faire face à la pénurie croissante d’organes pour les greffes. Nous avons récemment interviewé Éric Bennett, PDG de Frontier Bio, afin de mieux comprendre les intentions et les projets de cette entreprise.

3DN : Pouvez-vous présenter Frontier Bio et parler de votre lien avec la fabrication additive ?

Frontier Bio se positionne en tête de l’ingénierie des tissus humains cultivés en laboratoire, avec pour ambition de révolutionner la médecine régénérative. Notre mission consiste à élaborer des solutions alternatives pour les organes et tissus vieillissants ou défaillants, offrant ainsi une réponse durable à la pénurie de greffes d’organes. La fabrication additive occupe une place centrale dans nos efforts de recherche et de développement de produits. Nous utilisons des technologies d’impression 3D avancées et des techniques d’auto-assemblage pour concevoir des microtissus pulmonaires, des microtissus cérébraux et des vaisseaux sanguins. De plus, l’impression 3D est employée pour créer des moules destinés aux biomatériaux et pour le prototypage rapide de dispositifs de laboratoire, illustrant ainsi notre approche novatrice dans le domaine de l’ingénierie tissulaire.

3DN : Comment Frontier Bio est né ?

L’origine de Frontier Bio remonte à mon mandat en tant que directeur technique chez Aether, où notre objectif était de rendre la technologie de la bio-impression accessible en développant des bio-imprimantes 3D abordables mais puissantes. Après Aether, mon engagement à faire progresser le domaine de la bio-impression s’est maintenu, m’orientant vers ses applications plutôt que de me concentrer exclusivement sur le développement du matériel. Frontier Bio est née de cette vision, catalysée par une méthode révolutionnaire que j’ai mise au point pour la fabrication de vaisseaux sanguins. Notre partenariat avec la Mayo Clinic sur les vaisseaux sanguins cultivés en laboratoire a été un projet fondateur, qui a ouvert la voie aux travaux novateurs que nous poursuivons à Frontier Bio.

3DN : Quel(s) type(s) de technologie d’impression 3D utilisez-vous actuellement et pourquoi avez-vous choisi ces technologies ?

Chez Frontier Bio, nous utilisons la technologie FDM ainsi que l’impression 3D résine pour concevoir des pièces complexes pour des équipements, des moules destinés aux organes sur puce, et des échafaudages pour l’ingénierie tissulaire, parmi d’autres applications. De plus, notre répertoire englobe diverses techniques de bio-impression 3D pour la fabrication de tissus. Le choix de nos technologies repose sur leur polyvalence et leur adaptabilité à nos compositions uniques de milieux, de biomatériaux, et d’innovations, plutôt que sur les méthodes d’impression elles-mêmes.

3DN : Comment l’utilisation de l’impression 3D contribue-t-elle à remplacer les études sur les animaux dans la recherche médicale ?

Chez Frontier Bio, l’application de la fabrication additive est fondamentale pour la création de tissus humains cultivés en laboratoire reproduisant fidèlement les caractéristiques des tissus naturels. Cette compétence revêt une importance cruciale non seulement pour l’amélioration des dispositifs médicaux, mais aussi pour la simulation précise des maladies et la recherche de nouveaux traitements, contribuant ainsi à réduire la dépendance historique à l’égard de l’expérimentation animale.

En raison des différences souvent observées entre les résultats des modèles animaux et ceux des essais cliniques sur l’homme, nos tissus artificiels, notamment les modèles pulmonaires et neuronaux, offrent une alternative plus prédictive aux données précliniques. De plus, nos vaisseaux sanguins fabriqués sont à l’origine d’une transition vers des essais axés sur l’homme pour les dispositifs vasculaires, représentant ainsi une avancée significative dans la réduction de l’utilisation d’animaux dans les essais de dispositifs médicaux. Cette vision motive notre collaboration avec la Mayo Clinic, soutenue par la subvention SBIR de la National Science Foundation, visant à établir de nouveaux standards en matière de recherche et d’essais médicaux.

L’équipe de recherche Frontier Bio

3DN : Comment voyez-vous l’évolution future de l’impression 3D dans le secteur de la santé ?

La progression de l’impression 3D dans le domaine de la santé est sur le point de révolutionner la médecine personnalisée en offrant la possibilité d’obtenir des tissus sur mesure pour chaque patient selon la demande. Cela simplifiera l’évaluation précise de l’efficacité des médicaments et facilitera le développement de traitements personnalisés. Cette innovation devrait non seulement permettre l’introduction de thérapies révolutionnaires pour les affections liées à l’âge, mais également jouer un rôle dans l’extension de la longévité humaine et la promotion d’un mode de vie plus sain jusqu’à un âge avancé. La capacité de remplacer des organes et des tissus en fonction des besoins annonce une nouvelle ère dans le domaine de la science médicale.

3DN : Un dernier mot pour nos lecteurs ?

Chez Frontier Bio, nous nous engageons à faire progresser la recherche médicale et à introduire des technologies visant à prolonger la durée de vie humaine. Notre équipe est motivée par la recherche d’innovations susceptibles de redéfinir les normes en matière de soins de santé et d’entraîner une révolution dans le domaine de la longévité et du bien-être. Nous sommes impatients de partager nos avancées avec vos lecteurs !

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*Crédits photos : Eric Bennett, CEO Frontier Bio